Un portrait de Abe Adham
Gracieuseté

D’un père syrien et d’une mère libanaise, Abe Adham est né à Paris au milieu des années 70 après que ses parents aient fui la guerre du Liban pour s’installer dans la Ville lumière.

Comme si ce premier voyage inaugurait la suite de sa vie, Abe Adham a quitté Paris peu de temps après avoir passé son bac français pour poursuivre ses études à l’Université McGill, à Montréal. Loin de déposer ses valises, trois à quatre ans plus tard, il part à Saskatoon pour le compte de la compagnie John Deere en tant qu’ingénieur agronome.

« Devenir ingénieur agronome, c’est un peu une tradition familiale. Mon grand-père, mon père et plusieurs de mes tantes le sont », explique-t-il.

Deux ans plus tard, Abe Adham a eu la possibilité d’acquérir une partie d’un concessionnaire John Deere qui s’appelait Agritex Richmond. Suivant les aléas de la vie, l’ingénieur a quitté la Saskatchewan pour revenir au Québec et devenir directeur général de la compagnie.

À cette époque, il a repris ses études pour passer un MBA à temps partiel à HEC Montréal. Comme le groupe n’était pas dans une bonne forme financière et partait à la dérive, il a profité du rachat d’une partie d’Agritex par un autre concessionnaire pour sortir ses billes de cette société et changer de profession.

« Alors que j’étais sur le point de sortir d’Agritex, le marché de la finance se révélait comme un domaine intéressant, car il était en pleine expansion. La plupart de mes amis y travaillaient et c’était quelque chose qui me permettait, en tant qu’ingénieur, de mettre mon amour des chiffres à profit », explique-t-il.

Abe Adham a donc repris la route, direction Londres, pour faire une maîtrise en finances à la London Business School. Contrairement à ses plans, l’Europe ne fut qu’une étape sur son parcours. Sa femme étant enceinte, Abe Adham a décidé de revenir à Montréal et, en 2007, l’ex ingénieur agronome a finalement déposé ses valises pour devenir associé à Services bancaires d’investissement (investment banking) de Valeurs mobilières TD.

Un moment importun

Quand il s’est joint à TD, l’équipe était en reconstruction depuis un an. L’ex-président directeur général de la Banque TD, Ed Clark, avait décidé que le bureau de Montréal passerait dans le Top 3 des banques d’affaires de la ville.

« Faire partie de cette aventure, partir d’un bureau qui ne bénéficiait pas d’une grosse reconnaissance dans le marché montréalais et l’amener là où il est aujourd’hui, bâtir ces relations, c’est la raison pour laquelle je suis resté », affirme Abe Adham.

Loin d’être bouleversé par la crise qui a frappé un an plus tard, il a fait tout son parcours à travers la division des Services bancaires d’investissement de Valeurs mobilières TD.

« Ce qui a été intéressant de la crise pour TD, c’est que ça a été une opportunité d’accélérer notre croissance sur le marché québécois. TD n’a pas vraiment été impactée au niveau de la crise, parce qu’on n’avait pas de position dans des instruments financiers problématiques », explique Abe Adham.

Certaines banques de l’international présentes au Québec ont été obligées de se retirer du marché montréalais permettant ainsi à TD, qui était dans une position financière très favorable, d’augmenter sa présence auprès des compagnies du coin.

Pari réussi puisque quelques années plus tard, TD fait partie année après année des Top 3. L’institution a également connu une belle croissance. Des 84 succursales en 2014, TD possède maintenant 130 succursales au Québec. Depuis 2004, le nombre d’employés a presque doublé, passant de 2500 à environ 5000 aujourd’hui. Avec une grande présence aux États-Unis, à Londres et aussi, mais en moindre mesure en Inde, TD voit grand.

De beaux défis d’avenir

La tâche n’est donc pas évidente pour Abe Adham. « Comme tout le monde, je crains de ne pas être à la hauteur, mais c’est probablement une préoccupation saine », blague-t-il. Pourtant, il garde la tête sur les épaules et a déjà défini ses priorités.

Il compte bien poursuivre sur la lignée de ses prédécesseurs et travailler main dans la main avec les succursales américaines.

« Aujourd’hui, la Banque TD est la plus grosse banque étrangère aux États-Unis. On a plus de succursales dans ce pays (1300 succursales) qu’au Canada (1100 succursales). On y a bâti un réseau très fort avec des équipes comprenant des banquiers aguerris. Ceci nous permet d’offrir nos services ici, mais cela donne aussi accès à nos clients au marché américain », s’enthousiasme-t-il.

Développer ses services bancaires d’investissement aux États-Unis a permis d’élargir la plateforme de produits et services que Valeurs mobilières TD est en mesure d’offrir aux entreprises québécoises, que ce soit sur les marchés institutionnels, en matière de fusions et acquisitions, de financement d’entreprises, ainsi que sur les marchés des capitaux.

Abe Adham ne veut pas se limiter à cela, il compte également travailler davantage avec le reste des services bancaires TD dans la province.

« Ça permettrait à la banque de mettre en application son slogan “ one TD ˮ. On a déjà eu de beaux succès. On a offert des services, à certains de nos clients, au sein de TD valeurs mobilières, mais aussi au sein de gestion de patrimoine et de crédit commercial. Mon but serait de travailler plus en symbiose avec le reste de ces groupes pour permettre à la banque de grossir de manière plus cohésive et de rester proche », explique-t-il.

Évidemment, Abe Adham veut faire en sorte que la performance continuer d’être au rendez-vous, mais il voit toutefois un défi à cela : les ressources humaines.

« C’est quasiment le plein emploi au Québec, donc il est très difficile de trouver de bonnes ressources et de faire grossir l’équipe. À l’avenir c’est une chose sur laquelle je vais vouloir me concentrer », conclut-il.