Finance et Investissement : Dans quel type de portefeuille de client un produit comme un FNB en investissement responsable (IR) peut s’insérer?

Guy Lamontagne : Si l’on regarde la gamme de nos huit FNB en IR qu’on vient de lancer, deux types d’investisseurs peuvent être intéressés par ces produits selon nous.

D’abord, tous ceux qui désirent, à travers leurs investissements, refléter une certaine conscience environnementale.

Les huit FNB que nous avons lancées adressent à la fois des critères concernant l’environnement, le social et la gouvernance et ajoutent une autre couche qui est liée aux changements climatiques.

Pourquoi les changements climatiques : parce qu’aujourd’hui c’est une des préoccupations principales au niveau ESG. Mais au-delà de cette préoccupation environnementale, la base IR de nos produits est très complète avec une exclusion des armes controversées, du tabac et aussi des entreprises ayant fait l’objet de controverses critiques. Donc l’aspect IR est très bien couvert, mais l’aspect changement climatique l’est également.

Donc, encore une fois, quelqu’un qui veut appliquer sa conscience sociale et environnementale dans ses investissements peut être intéressé par ces produits-là.

Un autre type de clients pourrait être intéressé. Certains investisseurs croient que l’humain est en partie responsable des changements climatiques et qu’à cause de ça les gouvernements vont devoir instaurer des politiques pour tenter de les limiter comme l’Accord de Paris. Ces politiques vont avoir un impact sur les compagnies et cet impact va être encore plus grand pour les sociétés qui sont inefficientes au niveau des émissions carbone.

Donc pour un secteur donné, les sociétés qui sont les plus grandes émettrices de carbone vont être les plus affectées négativement par ces réglementations. C’est justement ces compagnies-là qu’on vise à éviter dans nos FNB à faible intensité en carbone. Le fait de les éviter, puisqu’elles seront en principe les plus touchées, fait potentiellement en sorte que notre produit financier pourrait être plus performant que les autres.

FI : À quel type de portefeuille ne faudrait-il pas associer ce type de produit?

Guy Lamontagne : Il y a une croyance dans le marché qui associe investissement ESG ou IR avec faible performance. Certains investisseurs pensent qu’il y a un coût à adopter ces politiques. Pour nous, tout est fonction de la construction du produit. Il y a eu énormément d’études sur le sujet et la grande majorité des études ne parvient pas à démontrer qu’il y a effectivement un coût à l’IR. Même, on peut penser qu’en éliminant les compagnies qui performent mal sur les critères ESG, ça permet d’éliminer des risques de torpille, autrement dit des sociétés qui ne prennent pas la gestion des risques extrafinanciers au sérieux.

Peut-être que l’on devrait éduquer les investisseurs, qui ont fortement ancré dans leur perception qu’il y a un coût à ce type de produits et leur montrer qu’au contraire, il peut y avoir un bénéfice.

En effet, chez Desjardins, nous croyons que dans ce contexte, les titres qu’on élimine ne seront pas un coût pour le portefeuille, mais au contraire vont permettre d’éliminer des sociétés qui vont moins bien performer.